Mort dans la soie

Le monde arachnéen est aussi loin de moi que la vie dans les abysses glacées de l'Antarctique.
Enfin, c'est ce que je pensais avant d'entamer cette série…
J'y suis venue à petits pas, sans vraiment avoir d'empathie pour ces êtres de prime abord peu attirants.
Je ne tue pas les velues suceuses, je les laisse vivre, même si parfois elles me donnent des frissons.
J'aime les observer, elles ne font pas de bruit, elles sont farouches et se replient dans les trous noirs de leur toile à la moindre alerte.
D'une discrétion admirable, elles m'emballent, elles m'emmaillotent.
Je ne sais pas à qui je m'identifie le plus, à elles ou à leurs proies, je n'ai pas de réponse tranchée.
Tuer ou mourir dans la soie sont deux sorts très proches, d'ailleurs, la plupart du temps, la prédatrice meurt dans son propre piège parmi les restes de ses festins passés.
J'aime surtout les araignées des villes qui trouvent des abris ténébreux pour leurs fins tissages - mausolées "génocidaires".
Leurs soeurs des champs dont les toiles scintillent au soleil et frissonnent à la moindre brise me séduisent moins - trop joyeuses !
Envoûtée par la beauté tragique de ces univers, je rêve d'avoir huit pattes, de tuer en douceur mes victimes pour me nourrir d'eux en une fellation ultime...